Sabotages visuels

Sabotages visuels

Le collectif d’artistes landais revendiquant “une pratique politique de l’art”, artivistes engagés dans leur travail quotidien et dans le soutien aux actions associatives locales, intervient à l’occasion de l’inauguration de l’autoroute A65 Langon-Pau.
L’accumulation de projets destructeurs sur leur territoire, le mépris pour ceux qui y vivent, le contraste entre le rève vendu par la propagande désenclavatrice et la réalité de la dépossession du quotidien - Que faire? - Le vide du marketing territorial qui aspire et digère la richesse des lieux, la mauvaise conscience rampante d’être une contrée arriérée, la parole confisquée, le silence face à la communication qui hurle – Que dire? - L’outrage des bulldozers, l’humiliation des célébrations inauguratrices appelaient une expression digne du moteur à explosion. L’explosion des lieux, de la fuite en avant technologique, des consciences, de la parole, des foules, des ponts …

Mardi 14 décembre 2010, ils inaugurent une autoroute.

dimanche 9 janvier 2011

Le BOOM ! des soldes. Intrusion dans l’espace public


Un centre commercial représente l’aboutissement du consumérisme, les soldes anticipées aussi.  Dans cette atmosphère socio-économique morose, ici, on anticipe les soldes par peur de voir fuir les consommateurs, vers de lointaines contrées hostiles. En ce samedi après midi 8 janvier 2011, le parking du centre commercial est plein à craquer.  
Les centres commerciaux en périphérie vident le centre-ville où les commerces de proximité disparaissent au profit d’une tertiarisation assez déprimante.
Si tu veux des disques ou  du pin importés du Brésil, teintés de greenwashing ou de business durable,  de l’essence ou du riz biologique, Cette zone truste et vend de tout. Hasard du calendrier, après notre action pour l’inauguration de l’A65, nous voulions  dénoncer les pleins pouvoirs de la grande distribution. C’est à ce moment, fin décembre 2010,  que dans Capital sortait un article de Gilles Tanguy, pointant les « Hypers illégaux », leur expansionnisme cavalier, leur soif d’espaces vierges. Ce département se transforme en CCI.
Le “stade 0“ de l’amicalité. Une jungle, une course…les courses, à 100km/h, car on est là pour gagner du temps. Le centre commercial grignote du terrain, monte au clash, politiquement, socialement, surfant sur la vague des  déréglementations des permis de construire. Et dire que le destin de l’équipe de rugby locale s’est joué ici, aussi.
Ce que construit la loi sur la de modernisation de l’économie d’un côté, elle le déconstruit de l’autre, laissant au passage sur le carreau, des salariés, des artisans, des petits commerçants, des agriculteurs . Christian Jacquiau en 2000, dans  Les coulisses de la grande distribution  affirmait déjà que “ 1 emploi créé dans la grande distribution détruit 3 à 5 emplois dans le secteur des PME et du commerce de proximité “.
Au profit de quoi ? Regardez cette verrue de crépis et de verre ! Nous sommes en entrée de ville : centre commercial, fast-food, station service, bricolage, hi-fi, jardin, cette zone annonce la couleur : des panneaux, de la publicité partout, intrusive, où que l’on regarde, c’est un assaut permanent dans l’esprit des gens.
Si nous commettons cet attentat visuel, c’est dans le pur respect des codes de la communication  visuelle de la grande distribution, qui affiche en 4x3 les promotions sur les côtelettes de porc à 2€ le kilo. Regardez ce lieu, ce climat de tension et la tête des gens qui travaillent ici, les coiffeuses qui mangent debout dehors devant le parking, la caissière manutentionnaire des Fruits & Légumes, les employés shootés au détergent du rayon des produits hygiéniques, l’employé de la sécurité risquant sa place à cause de notre action.
Visuellement, territorialement, ce département est assailli, bétonné, bitumé, pollué et privatisé. Ce satané « désenclavement », qui économiquement ne signifie rien, est un leurre et socialement un désastre. Un prétexte à l’hypertrophie structurelle : Reprise des chantiers autoroutiers, Construction à perte des Lignes à Grande Vitesse, ZAC, ZE, aéroports départementaux, Partenariats Public-Privé…C’est une fuite en avant économique qui se joue avec les derniers deniers de l’Etat, au mépris des populations, sur les dernières terres préservées de ce pays. Si tant est que la maïsiculture intensive soit une aubaine…
Cette explosion héritée des Comics, c’est la liberté d’expression version Grand Format, que nous revendiquons en tant que collectif artistique. Nous nous indignons des mêmes aberrations que celles dénoncées par Stéphane Hessel, ou Denis Robert, avec moins de prestige que l’un et un carnet de contacts moins épais que l’autre. Cette action est symbolique, allez savoir de quoi, chacun y trouvera le sens qu’il cherche